
« Je pense avoir aidé deux cent personnes à embrasser la carrière de chauffeur. »
Geert Aerts, formateur FCBO, prend sa retraite (ou presque)
SECTEUR
Le 1er mars 2026, Geert Aerts (65 ans) tirera sa révérence. Ce formateur expérimenté du Fonds social Bus & Car et FCBO profitera enfin d’une pension bien méritée après une longue carrière. Parmi les chauffeurs de bus qui sillonnent notre pays actuellement, plusieurs dizaines ont été formés au métier par Geert. « J'aime faire un trajet incognito avec un ancien élève de temps en temps. Ces hommes et ces femmes font toujours bien leur travail », déclare Geert non sans fierté.
Chauffeur poids lourds à ses débuts
« En fait, je n’étais pas prédestiné au secteur de l’autocar. J’ai une formation de dessinateur d’architecture et je suis entré dans le monde du travail grâce à ce diplôme. Pendant mon temps libre, je faisais beaucoup de moto et je m'intéressais énormément à tout ce qui roulait. En 1982, j’ai rejoint l’entreprise de mon beau-père. J'ai alors commencé à conduire des camions à carburant. J’aimais ce travail, mais il était pénible. Les journées étaient longues. En 2000, je n’en pouvais plus. Je souffrais de maux de dos. Mon médecin m'a vivement conseillé de chercher un travail moins pénible. »


De Lijn, puis le Fonds social
« J’ai essayé le travail de bureau, mais ce n’était pas mon truc. Le virus de la conduite ne me lâchait pas. En 2008, j’ai commencé à travailler comme chauffeur pour De Lijn. Je faisais des services coupés. En journée, j’étais à la maison, je m’occupais du ménage et je prenais soin de mon épouse gravement malade. En 2011, j’ai participé à l’examen pour devenir instructeur Poids Lourds au VDAB. J’ai pu commencer directement. En 2013, je suis passé au Fonds social Bus & Car. Je forme les futurs chauffeurs et je continuerai de le faire jusqu’à mon dernier jour de travail en mars 2026. »

« Je ne dois pas grossir ma contribution à leur réussite. Pour un chauffeur, l’expérience joue aussi un grand rôle. »
Geert Aerts
Des élèves ambitieux
« En tant que formateur, vous devez pousser vos élèves à la perfection. Tant qu’ils sont sur la route avec vous, ils peuvent commettre des erreurs, vous êtes là pour les rattraper. Mais après, ils seront seuls. Il faut qu’ils y soient préparés. Malgré cette approche, je ne pense pas être sévère. Je n’ai jamais haussé le ton contre qui que ce soit. Mais les chauffeurs de bus doivent faire preuve de professionnalisme. Ils travaillent dans le transport, un secteur où la ponctualité est très importante. J’insiste beaucoup sur ce point. Arriver en retard est hors de question. Je dois reconnaitre que les élèves pris en charge par le Fonds social sont ambitieux. Ils sont volontaires. Quand je travaillais pour le VDAB, il arrivait parfois qu’une personne se présente uniquement parce qu’elle était envoyée par l’ONEM. Certains candidats rataient volontairement leurs examens. »
La barrière de la langue est parfois problématique
« Ces dernières années, j’ai vu mon public changer considérablement. Contrairement à avant, il se compose désormais à 80 % de personnes issues de l’immigration. Nous devons absolument former des chauffeurs dans ce groupe également. Je m’entends bien avec tout le monde, peu importe le milieu ou l’origine, mais il existe souvent une barrière linguistique et cela pose problème. Nous nous comprenons, mais cela ne suffit pas pour pouvoir exprimer toutes les nuances et devenir un bon chauffeur. Ce ne sont pas les compétences ou les connaissances techniques de ces candidats qui sont en cause. C’est la langue qui fait parfois faux bond. Impossible de leur faire suivre un cours de langue en amont. Il s’agit d'un métier en pénurie. Le secteur ne peut pas attendre. Les candidats qui réussissent leurs examens ont le choix entre plusieurs opportunités d’emploi dès le lendemain. »

95 % des élèves réussissent
« Pour moi, un bon chauffeur doit maîtriser tous les aspects techniques, être ponctuel, avoir une apparence soignée car il est la vitrine de l'entreprise, et il doit veiller à la propreté du bus et du poste de conduite. J’estime le taux de réussite à 95 %. Je pense avoir aidé deux cent personnes à embrasser la carrière de chauffeur. J’ai dit à deux élèves seulement qu’il valait mieux arrêter leur formation, mais je les ai quand même orientés vers une autre voie. L’un est devenu chauffeur de taxi et l’autre conduit un chariot élévateur dans le secteur de la logistique. Il m’arrive régulièrement de voyager incognito dans un bus de ligne conduit par un chauffeur que j’ai formé. Ces hommes et ces femmes font toujours bien leur travail. Cela me rend fier. Toutefois, je ne dois pas grossir ma contribution à leur réussite. Pour un chauffeur, l’expérience joue aussi un grand rôle. »

« J’ai conduit toutes sortes de véhicules depuis mes 19 ans, sans le moindre accident. Jamais ! »
Geert Aerts
Pas un seul jour de travail à contrecœur
« De temps en temps, un élève sort du lot. Vous voyez tout son potentiel. Je lui conseille alors de transmettre autant que possible ses connaissances. J’ai un jour croisé la route d’un jeune homme de vingt ans dont j'ai tout de suite vu qu'il pouvait devenir très bon. Aujourd'hui, Siemen a trente ans et dix ans d'expérience. Il sera mon successeur au Fonds social. J'en suis ravi, car d’autres refusent ce poste parce qu'ils aiment trop conduire eux-mêmes. Lorsque je prendrai ma pension, j’aurai une carrière de 47 ans derrière moi. J’ai occupé de nombreuses fonctions, mais je ne suis jamais allé travailler à contrecœur. J’ai conduit toutes sortes de véhicules depuis mes 19 ans, sans le moindre accident. Jamais ! J’en suis très fier. Une fois pensionné, j’effectuerai de temps en temps des trajets pour Rantour ou De Decker-Van Riet. Je le fais depuis des années et je ne veux pas arrêter. Qui n’avance pas recule. Mes fils disent que je mourrai au volant. L’avenir leur donnera peut-être raison. Et vous savez quoi ? Ça ne me dérangerait pas ! »
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