
Des enseignements pour maîtriser un incident
Multiobus partage son expérience
BUSWORLD
Les bus sont équipés d’un point de recharge à l’avant et à l’arrière, ce qui permet de les recharger facilement, quel que soit leur positionnement sur le parking.
L’incendie industriel qui a frappé Multiobus en octobre 2023 a permis – en concertation avec les pompiers et les autorités communales – de tirer de nouveaux enseignements pour la reconstruction du dépôt. Parallèlement, l’entreprise a étudié plusieurs technologies innovantes et s’est penchée sur les moyens de gérer, de manière proactive et collective, tout incident dès son apparition.
Deux ans après le violent incendie survenu chez Multiobus à Tirlemont, qui avait détruit 13 bus électriques et 11 bus diesel, la reconstruction du site touche désormais à sa fin. « Nous avons énormément appris de cet événement. Depuis, nous nous sommes intéressés à différentes technologies et solutions innovantes, comme les caméras thermiques pour la détection d’incendie en plein air. Il ne s’agit pas uniquement d’identifier un départ de feu dans un bloc batterie de bus électriques, mais aussi de détecter des incendies plus classiques pouvant se produire dans un circuit 24 volts, au niveau du chauffage Webasto ou encore dans le moteur des bus diesel. Malgré les nombreuses nouvelles connaissances sur l’aménagement d’un dépôt pour bus électriques, beaucoup de questions restent ouvertes », explique Peter Vicca, directeur technique. « Le changement le plus visible est que le dépôt n’est plus une halle fermée, mais une structure ouverte, compartimentée. Nous avons également aménagé une zone de quarantaine dotée d’un système de détection et d’une installation d’extinction adaptés, pour les véhicules "suspects" présentant un problème de batterie ou ayant subi un choc au niveau d’un bloc batterie. Si nécessaire, cette zone fermée peut aussi servir à nos techniciens pour effectuer des interventions haute tension en toute sécurité. »
Disposition séparée des bornes de recharge et des onduleurs
Un autre point essentiel réside dans la séparation physique entre bornes de recharge et onduleurs. « Avant l’incendie, onduleurs et bornes se trouvaient ensemble dans le dépôt. Résultat : lorsqu’un feu se déclarait, tout partait en fumée et il devenait théoriquement impossible de recharger les autres bus restés intacts », poursuit Peter Vicca. « Nous avons désormais opté pour une infrastructure de charge où les onduleurs et les satellites sont installés à distance les uns des autres. Ainsi, si un onduleur prend feu, les bornes de recharge restent opérationnelles. Le câblage est installé en surface : d’une part, parce que cela coûte moins cher que l’enfouissement, d’autre part, parce qu’il reste visible et plus facilement accessible en cas d’intervention. Chaque compartiment dispose d’une borne à deux connecteurs. Grâce aux points de recharge situés à l’avant et à l’arrière de chaque bus, peu importe comment les véhicules sont stationnés : ils peuvent toujours être raccordés facilement. »

Pour garantir une recharge flexible, plusieurs bornes de recharge mobiles sont également utilisées.

Le nouveau dépôt est un espace ouvert compartimenté, avec des satellites de recharge installés à l’extérieur.
La zone de quarantaine entièrement clôturable, dotée d’un système de détection adapté et d’une installation d’extinction, est encore en cours de construction.
Murs coupe-feu et bornes mobiles
« Alors que nous pouvions par le passé garer 24 véhicules, nous n’en accueillons plus que 20. Les bus sont regroupés par quatre — 2 articulés et 2 standards — séparés par un mur coupe-feu de 40 cm d’épaisseur et 5 m de hauteur, capable de résister à un incendie durant 2 heures. Un espace libre d’un mètre est conservé entre les bus et les murs, ainsi qu’entre les bus eux-mêmes. En hauteur, il reste environ 1,5 m, mais nous prévoyons à terme d’installer des panneaux solaires dans les compartiments, ce qui réduira l’espace libre à 1 mètre. »
« En plus des bornes fixes, nous disposons également de bornes mobiles, qui peuvent être raccordées ailleurs et offrent une puissance suffisante pour charger efficacement les bus. Cela nous donne la flexibilité nécessaire pour continuer à alimenter les véhicules en cas de panne ou d’indisponibilité d’une borne fixe. »
Gestion intelligente de l’énergie
Depuis la mise en circulation de ses premiers bus électriques en 2017, Multiobus a fait évoluer sa stratégie de recharge des batteries. « En 2022, nous avions déjà développé un système de pilotage rudimentaire — en grande partie en interne — pour lisser nos pics de consommation », explique Peter Vicca. « Le problème, c’est que les bus se retrouvaient souvent rechargés en pleine heure de pointe, lorsque le coût de l’électricité est le plus élevé. En décalant ces pics, il y avait clairement un gain économique à réaliser. En optimisant davantage notre gestion via un pilotage logiciel, nous parvenons désormais à réduire de près de moitié notre pic de consommation. Dans une phase ultérieure, nous stockerons le surplus d’énergie produit par nos panneaux solaires dans notre parc de batteries afin de recharger nos bus la nuit. »
Informer, coordonner, collaborer
« En réalité, il faut travailler de façon proactive avec les pompiers et la ville pour déterminer comment maîtriser ensemble une situation d’urgence », conclut Peter Vicca. « Ainsi, chacun sait comment réagir rapidement et efficacement en cas d’incident. Dans cette optique, nous organisons depuis 2021 une formation annuelle pour les pompiers. Ils connaissent le site, savent où puiser l’eau d’extinction dans notre réservoir souterrain de récupération des eaux de pluie, savent où se trouvent les hydrants les plus proches et connaissent également les véhicules. »
« Comme les batteries lithium-ion peuvent dégager du fluorure d’hydrogène, un gaz extrêmement toxique, nous travaillons avec eux sur des plans d’alerte et d’évacuation pour les zones sensibles (par exemple les quartiers résidentiels) susceptibles d’être touchées selon la direction du vent. »
« Lors de la reconstruction, nous avons également donné une légère pente au sol en béton afin de mieux collecter l’eau d’extinction. La zone de quarantaine — ou le "bunker" — est située à un endroit permettant une meilleure manœuvre des dépanneuses et des véhicules lourds des pompiers. »
Dans l’espace ouvert compartimenté, quatre bus peuvent être stationnés dans chaque compartiment.
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