
“Je continue de conduire, car j'aime toujours autant le faire”
Une journée sur la route avec Mimi Thyssen, conductrice de car chez Tijlcars
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Après 20 années de service auprès de la société Tijlcars de Turnhout, la pension de Mimi Thyssen n'a pas encore signifié la fin de sa carrière de conductrice. C'est pour le compte de cette même société Tijlcars que la Campinoise se glisse encore régulièrement au volant d'un autocar en tant que flexi-travailleuse. Car & Bus lui a rendu visite lors d'une petite journée à Bruxelles.
Tôt en action
Au beau milieu du quartier européen de Bruxelles, entre le mastodonte qu'est le Parlement Européen et le Parc Léopold, se trouve une petite ruelle comportant un certain nombre de places de stationnement pour autocars. Nous y avons rendez-vous avec Maria Thyssen, qui est mieux connue parmi ses collègues et auprès de ses passagers sous son surnom de ‘Mimi’.
En compagnie de son collègue-chauffeur Albert Erken, la Campinoise de 65 ans attend dans son autocar des élèves qui visitent l'Institut des Sciences Naturelles situé à proximité. “Aujourd'hui, l'entrée dans Bruxelles s'est déroulée assez facilement”, explique Mimi. “En tant que chauffeurs, avant de nous arrêter ici, nous sommes déjà en route depuis un bon moment. Je me suis levée à 5 heures afin d'être à temps près de mon autocar au dépôt de Tijlcars. Nous ne reprenons les élèves qu'à 15h15. Ils espèrent être revenus à 17h30 à l'école à Beerse.”
Mais la tâche journalière de Mimi ne s'arrête pas encore là. De Beerse, elle retourne ensuite chez Tijlcars à Turnhout pour y nettoyer l'autocar. “Je tiens à ce que mon autocar soit propre quand je le restitue”, insiste Mimi. “C'est agréable pour la personne qui conduira cet autocar après moi.”
Une vocation tardive
Il suffit de quelques minutes pour se rendre compte que la personne souriante qu'est Mimi est également une dame très persévérante. “Mon rêve était de devenir la première conductrice de camion de notre pays”, se souvient-elle. “C'est également ce que j'ai dit à mon père, mais il ne voyait pas cela d'un bon œil. Il était pourtant lui-même chauffeur de camion. J'ai pourtant conduit une fois son camion. Une remorque y était attachée, ce qui représentait un véritable défi de le remettre bien à sa place en reculant. Qu'est-ce que nous avons ri à l'époque.”
Le rêve d'adolescente d'être conductrice de camion s'est cependant transformé des années plus tard en un job en tant que conductrice d'autocar. “Ce n'est qu'à l'âge de 41 ans que je suis devenue conductrice de bus”, se souvient Mimi. “À l'époque, j'ai été au chômage pendant deux ans après avoir longtemps travaillé auparavant dans une station d'essence. Rester à la maison ne me convenait vraiment pas. Lors d'une excursion à Bouillon, j'ai alors vu toute une colonne d'autocars passer. Et j'ai su immédiatement ce que je devais faire.”
Peu de temps après, Mimi a réussi son examen théorique de conduite et après deux fois vingt heures de formation à la conduite, elle a pu commencer à travailler comme chauffeur. Mimi est arrivée assez rapidement chez Tijlcars, société à laquelle elle est restée fidèle en tant que conductrice. Cela a commencé par du transport scolaire, mais c'est surtout dans le tourisme qu'elle a pu s'épanouir. Et ce en toute sécurité ! En 2017, elle a même reçu le Volant d'or pour 1 millions de kilomètres sans accident. “Mais je n'atteindrai jamais les kilomètres et les chiffres de mon collègue Albert ”, plaisante Mimi. “Il a déjà reçu son Volant de Platine pour 2 millions de kilomètres et il aura bientôt atteint ses 40 années d'activité au sein du secteur.”
Lien étroit entre les voyageurs et le chauffeur
Si nous demandons à Mimi quelles sont ses destinations préférées, Paris arrive en première position. “Cette ville me plaît”, affirme-t-elle avec enthousiasme. “Paris est ma destination, je n'ai pas besoin de gps pour y aller. J'ai également vu beaucoup de beaux endroits en Italie. Mais être chauffeur d'autocar à l'étranger, ce n'est pas être le touriste soi-même. Sur beaucoup de destinations, on voit surtout les parkings, c'est comme ça, tout simplement.”
Partir avec des voyageurs, cela crée souvent un lien étroit. Mimi se souvient immédiatement d'un groupe: “Une fois descendus du car et les valises distribuées, ils ne me m'ont pas encore laissé partir directement. Tout le groupe a formé un cercle autour de moi et ils ont commencé à chanter pour moi. C'était un moment si particulier. Je pleurais de bonheur.”
Son collègue Albert confirme également ce lien étroit entre le chauffeur et les voyageurs : “Je me souviens d'un groupe de Malaisiens, avec qui j'ai fait un circuit à travers l'Europe. À l'époque, nous avons notamment visité Disneyland à Paris et même dans le parc d'attractions la plupart de ces jeunes sont restés près de moi. Nous avons pris beaucoup de plaisir lors de ce voyage. Lors des adieux, il y avait tant d'émotion que le personnel de la douane ne comprenaient pas ce qu'il se passait.” Un autre avantage du métier de chauffeur d'autocar est l'amitié entre collègues. C'est ainsi que Mimi connaît depuis des années son collègue Albert, qui conduit depuis peu comme flexi-travailleur pour Tijlcars, alors qu'ils n'avaient jamais roulé pour la même entreprise auparavant.
Le fait de rire nous fait rester jeunes
En janvier 2021, Mimi a pris sa pension, après quoi elle ne s'est plus assise au volant d'un autocar pendant environ deux mois. Lorsque la saison a redémarré progressivement en mars, elle a été recontactée pour rouler pour Tijlcars. “J'ai alors accédé avec plaisir à cette demande”, explique Mimi. “Lorsque j'ai pris ma pension, le montant mensuel de ma pension était très décevant. Avec un loyer mensuel de 800€, je suis presque obligée de continuer à travailler. Jusqu'à ce que le système des flexi-jobs soit instauré, nous pouvions gagner jusqu'à 7.500€ supplémentaires exonérés d'impôt, ce montant devrait maintenant être illimité. J'espère que c'est le cas et que cela restera ainsi.”
Outre les avantages financiers en tant que flexi-travailleuse, la passion du métier reste cependant une motivation très importante pour Mimi: “Je veux continuer à conduire, car je continue à aimer le faire. Ce n'est que lorsqu'ils me traiteront de vieille dame au volant que j'arrêterai. Je suis d'ailleurs toujours dans le coup avec les jeunes. Récemment, je me suis bien amusée avec un groupe de jeunes lors d'un voyage à Londres. Rire un bon coup vous fait rester jeune.”