
PANEL D'EXPERTS : soyez honnête vis-à-vis de vous-même et reconnaissez la fatigue
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NOS EXPERTS FCBO

Pascale Verdoy

Danny De Wilde

Filiep Houthoofdt

Geert Aerts
Les chauffeurs doivent être honnêtes vis-à-vis d'eux-mêmes, de leur collègue chauffeur ou de leur accompagnant et reconnaître leur fatigue éventuelle. Il est également important de discuter de la fatigue avec votre patron ou dispatcher. En effet, personne ne veut porter la responsabilité d'envoyer un chauffeur fatigué sur la route. Soyez donc attentif et entraînez-vous à reconnaître les tout premiers signes de fatigue.

Cet e-zine vous propose une série d’articles dans lesquels un panel d’experts– composé de quatre instructeurs FCBO – livrent leur vision sur des sujets qui concernent les chauffeurs de bus et d’autocar.
Dix conseils pour éviter la fatigue au volant
- Avertissez les clients préalablement, lors de la commande du voyage, que le chauffeur a droit, en cas de besoin, à une pause supplémentaire en cours de route.
- Discutez à l'avance des longs trajets (nocturnes) avec votre dispatcher.
- Prévoyez un planning de trajet moins chargé la veille.
- Reposez-vous suffisamment avant le départ, évitez donc également les petites fêtes de famille.
- Prenez un repas léger avant de partir.
- Veillez à ce que l'autocar soit prêt au départ et faites éventuellement le nécessaire la veille.
- Faites en sorte de bien vous entendre avec votre collègue chauffeur et convenez éventuellement d'un changement de chauffeur anticipé en cas de fatigue.
- Soyez également suffisamment reposé pour les derniers kilomètres entre le dépôt du car et votre logement.
- Prévoyez éventuellement une pause de repos d'un quart d'heure afin de pouvoir parcourir en toute sécurité les derniers kilomètres vers votre destination ou votre domicile !
- Soyez conscient qu'un système anti-assoupissement moderne n'est qu'un outil d'assistance.

Reconnaître la fatigue et la somnolence
Les trajets à vide, la monotonie, les routes non éclairées, les vitesses plus élevées, les passagers qui dorment, tout cela fait en sorte que les trajets nocturnes requièrent plus de concentration de la part du chauffeur, qui a peut-être déjà assumé des prestations pendant la journée. « Il ne faut pas sous-estimer les trajets nocturnes et en particulier au lever du jour. Il ne faut pas vous sur-estimer non plus. Reconnaissez la fatigue ou la somnolence et admettez-le si ça ne va pas », indique notre panel d'experts de façon unanime. Cela implique également d' informer votre responsable sur le fait que vous êtes plus rapidement fatigué ou que les trajets de nuit deviennent moins faciles en vieillissant. En outre, l'horloge biologique est différente pour chacun et un chauffeur s'habituera mieux qu'un autre aux trajets de nuit. Il vaut peut-être mieux avouer franchement que vous n'êtes pas le bon chauffeur pour les trajets de nuit et refuser si nécessaire un trajet de nuit quand vous sentez que cela n'ira pas.
Éveillé en pilote automatique
Du fait que vous conduisez en étant plus concentré la nuit, il se peut que cela vous tienne éveillé. Mais une accoutumance peut survenir parce que vous avez déjà très souvent effectué ce trajet et vous conduisez alors en pilote automatique. Une étude a déjà démontré précédemment que, sur un trajet de 400 km, le chauffeur s'assoupit parfois 6 minutes au total sans s'en rendre compte, ce qui représente tout de même l'équivalent d'une dizaine de kilomètres. Si vous remarquez soudainement que vous êtes déjà à cette sortie spécifique ou à cette station-service, il est probablement préférable de vous reposer un peu ou de laisser le volant à votre collègue. Le fait de s'accrocher obstinément à la répartition prévue des temps de conduite et de repos peut avoir des conséquences catastrophiques ! Il est beaucoup plus important d'arriver en sécurité avec un peu de retard à destination finale que de jouer les héros. En fait, pour les trajets nocturnes, il vaudrait mieux, selon nos experts, appliquer un temps maximal de conduite de 3 heures plutôt que les 4,5 heures recommandées.
Le chauffeur est le capitaine de son autocar
« La sécurité avant tout », insistent nos experts. « Pendant le trajet, le chauffeur est le capitaine de son autocar. Ce n'est pas le passager, le guide ni même le patron ». Les passagers l'oublient facilement parce qu'on leur a promis qu'ils seraient déjà sur la piste de ski ou à leur hôtel ce matin-là. Parce que c'est parfois difficile à expliquer aux passagers, il vaut parfois mieux utiliser un prétexte tel qu'un arrêt sanitaire ou technique pour contrôler un voyant d'avertissement ou pour appeler votre employeur. Il est en tout cas essentiel qu'un chauffeur entame un long trajet en étant reposé. Il ou elle doit avoir la discipline de prévoir suffisamment de repos préalablement. Ce message doit également être adressé au dispatching qui ne prévoira pas un planning trop chargé la veille. Sur un trajet aller-retour à la neige et au soleil, le chauffeur doit également pouvoir bénéficier d'un véritable repos dans des circonstances optimales à destination. Donc, de préférence pas dans l'autocar sur le parking ni dans un environnement hôtelier bruyant. Si tel est le cas, vous ne garantissez pas un repos optimal au chauffeur qui devra entamer le trajet retour une dizaine d'heures plus tard.
Les chauffeurs de bus de ligne peuvent, eux aussi, être fatigués
La fatigue chez les chauffeurs de bus de ligne est souvent méconnue. Quand ils ont par exemple effectué six trajets successifs dans un trafic intense sans pause intermédiaire, il est tout à fait logique qu'ils demandent au dispatcher de prévoir une plus longue pause pour pouvoir reprendre leur souffle un petit moment. Le respect de l'horaire est un élément, mais si vous êtes trop fatigué, il faut simplement pouvoir arrêter un petit moment. Personne ne veut en effet porter la responsabilité d'avoir obligé un chauffeur fatigué à conduire malgré tout.

Il ressort notamment d'une étude de Vias que la fatigue constitue un sérieux risque pour un chauffeur sur trois qui conduit entre 22h00 et 02h00 du matin. Après minuit, le risque augmente même à 50%. Un chauffeur sur dix indique qu'il se sent plus vigilant la nuit, il est donc possible qu'il évalue mal le risque.