“À partir de maintenant, nous misons à 100% sur l’électrique”

En visite chez Daimler Buses à Mannheim

Début mai, Daimler Buses a invité la presse internationale à son siège de Mannheim. Le constructeur allemand d’autobus a esquissé sa vision de l’avenir sans émissions.

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Début mai, Daimler Buses a invité la presse internationale à son siège de Mannheim. Le constructeur allemand d’autobus a esquissé sa vision de l’avenir sans émissions.

Un triplement des ventes de l’eCitaro

Depuis l’introduction de l’eCitaro en 2018, Mercedes-Benz est devenu un constructeur expérimenté dans le domaine des autobus urbains électriques. Quelque 700 véhicules de ce type ont été vendus dans le monde en 2021. Un triplement des ventes est attendu en 2022. “Plus de 2.000 véhicules vendus, ce n’est pas très impressionnant”, tempère Martin Daum, responsable de Daimler Truck (dont le département autobus fait partie). “Mais quand on sait que les ventes de bus diesel ont baissé de 17% en 2021 en Europe, et que celles des véhicules électriques ont grimpé de 47%, on se rend compte que le changement est irréversible. D’ici 2030, les pronostics font état d’une part des bus électriques de 75 %, alors qu’elle n’était que de 10 % en 2020”.

Le choix du 100% électrique

Le potentiel de croissance est donc énorme et cette perspective a incité la division bus de Daimler à prendre des décisions radicales. “Nous ne construirons plus de bus diesel qui devront répondre à la norme EURO VII à partir de 2025. Nous optons résolument pour le développement d’une gamme entièrement électrique”, explique Till Oberwörder, responsable de Daimler Buses. “Fin 2022, les premiers bus seront livrés avec la batterie NMC 3. Cette batterie de troisième génération augmente une nouvelle fois l’autonomie de l’eCitaro. Des liaisons plus longues seront ainsi également à sa portée. En quatre ans, nous avons augmenté de 80% le rayon d’action de nos bus”.

Des trajets plus longs grâce à l’hydrogène

La grande question reste de savoir si les longs trajets, comme ceux parcourus par les autocars, pourront à terme être effectués avec des véhicules électriques. “Pour cela, nous développons actuellement un range extender basé sur l’hydrogène et une pile à combustible. Nous considérons cela uniquement comme un complément à un bus électrique équipé d’une batterie et nous ne construirons donc pas de bus à hydrogène distincts et coûteux. En combinant une batterie électrique et un réservoir d’hydrogène, l’autonomie sera portée à 400 kilomètres. Cela cadre avec notre ambition de couvrir 100 % des trajets de nos clients sans aucune émission”. Étant donné que l’hydrogène est une forme d'énergie plus coûteuse qu’une batterie, cette application ne sera utilisée qu’en cas de nécessité. Le premier bus équipé de ce range extender sortira des chaînes de montage en 2023.

Réservoir d'hydrogène et pile à combustible

Explications sur le range extender

Le monde politique doit se réveiller

Daimler a ensuite également adressé un message aux responsables politiques. Lorsque le point de basculement sera atteint dans les prochaines années et que la demande de bus électriques explosera, le constructeur allemand garantit que ces véhicules seront disponibles. Martin Daum: “Mais il faudra aussi une infrastructure ! Pour un bus urbain qui retourne à son dépôt chaque soir, cela reste plutôt simple, car cette infrastructure peut être adaptée relativement rapidement. Mais lorsque les autocars électriques traverseront l’Europe, il faudra également disposer d’une infrastructure de recharge en dehors des dépôts. Actuellement, celle-ci est totalement inexistante. Cet obstacle à la croissance vers un avenir sans émissions ne pourra être levé que si les responsables politiques élaborent des réglementations adaptées et mènent une politique fiscale attrayante. Cela doit être fait de toute urgence”.

En partenariat avec les exploitants

Daimler est conscient du fait que le passage à une flotte électrique entraîne également des défis pour les entreprises d’autobus. “C’est pourquoi nous avons conçu un eMobility Ecosystem. Avec différents partenaires, nous nous occupons de la transformation du dépôt de l’exploitant et des processus. Cela va des demandes de permis à la fourniture d’une gamme complète de services numériques, en passant par l’installation de bornes de recharge et de câbles”. Et les services numériques peuvent être très poussés. Grâce à la collecte de données sur le trajet, il est en effet possible de procéder à une gestion pointue de l’énergie. La recharge de la flotte est ainsi optimisée, tout comme la réalisation du trajet. “Car une meilleure gestion de l’énergie augmente le rayon d‘action”, conclut Till Oberwörder.