« La qualité se paie, mais est rentable »
Bell Tours de Leeuw-Saint-Pierre fêtait ses 70 ans
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L’an dernier, Bell Tours de Leeuw-Saint-Pierre a fêté ses 70 ans. Henri Rammant incarne aujourd’hui la troisième génération à la tête de l’entreprise d’autocars. Sa maman, Jeanine Vandermeersch, est cependant encore là à veiller au grain de loin. En deux épisodes, nous jetons un coup d'œil dans le rétroviseur de cette entreprise au riche passé, histoire de comprendre ce qui rend Bell Tours unique en son genre. Voici donc la première partie de l’histoire passionnante de cet exploitant d’autocars de la périphérie de Bruxelles.
Une dette effacée contre un autocar
C'est après la Deuxième Guerre mondiale qu'Henri Vandermeersch a lancé une entreprise de taxis à Buizingen, près de Halle. Un de ses clients était une entreprise de bus de Bruxelles. « Mais c’était un mauvais payeur. Un jour, papa en a eu marre. Il était déterminé à aller encaisser sa dette impayée chez l’exploitant, » raconte sa fille Jeannine (76 ans). « Cet homme a répondu très calmement : Vous voyez ce bus là-bas ? Eh bien, il a exactement la même valeur que ma dette. Donc prenez-le si vous voulez. Papa l'a pris au mot. Il est rentré à la maison avec ce car et le lendemain, le 10 août 1953, il a fondé les Autocars Henri Vandermeersch. C’était le début de Bell Tours, il y a eu 70 ans l’an dernier. »
Emmener des touristes anglais à travers l’Europe
Jeannine était encore toute petite à l’époque. Plus tard, elle allait se retrouver à la tête de l’entreprise d’autocars avec son mari, un des chauffeurs de son père. Aujourd’hui, c’est son fils Henri Rammant (46 ans), petit-fils du fondateur, qui dirige l’entreprise. Le nom a été changé en Bell Tours (« pepe a simplement ouvert l’annuaire téléphonique en 1965 et a choisi le premier nom sur lequel il est tombé »), mais la passion pour l’organisation de voyages en car n’a jamais disparu. Jeannine se souvient ainsi de cette époque pionnière : « Un des premiers clients de papa a été Rudolf Van Moerkerke, l’homme qui allait fonder plus tard Sunair. Van Moerkerke amenait des touristes anglais à Ostende en bateau. Papa allait les chercher et parcourait toute l’Europe avec eux ».
Économiser au café pour une excursion
C’était les premières années du tourisme. Les gens n’avaient pas de voiture et n’étaient encore allés nulle part. Des cagnottes étaient constituées dans les cafés. Lorsqu’il y avait assez d'argent dans la caisse, le groupe d'amis louait un car et toute la bande partait en excursion. « C’était un événement à l’époque. L’aventure commençait dès que l’on montait dans le car. Ces personnes ne s’étaient encore jamais assises dans un autocar. En 1958, l’année de l’exposition universelle, papa a acheté le premier frigo pour le car. C’était un luxe incroyable à l’époque, » se souvient Jeannine. Tout était possible à l’époque. Personne n’avait encore entendu parler des temps de conduite et de repos. On roulait de six heures du matin à minuit.
Écoles internationales de Bruxelles
À partir de la fin des années soixante, les écoles internationales de Bruxelles sont devenues des clients attitrés de Bell Tours. Par le biais de ces contacts, chaque école internationale étrangère qui venait à Bruxelles se tournait vers Bell Tours. L’entreprise était occupée à plein temps par cette activité. Mais ces missions se sont effritées. C’est à ce moment-là qu'est arrivé Henri, le petit-fils. « J’ai grandi parmi les autocars. J’avais seulement six ans lorsque j’ai pu mettre un bus dans le garage sur les genoux de pepe. Je ne suis pas allé longtemps à l’école, mais j'effectue tout l’entretien des bus moi-même. C’était écrit dans les étoiles que je dirigerais un jour Bell Tours. » C’est en 2017 que ce moment est arrivé.
La qualité supérieure se paie
« Je n’ai jamais oublié la philosophie de base de mon parrain, à savoir que Bell Tours fournit à ses clients un service de qualité supérieure. Je ne suis jamais entré dans le petit jeu des négociations consistant à baisser les prix pour les écoles et les autres clients. Si je lis dans un courriel : nous cherchons une solution abordable pour notre excursion je réponds qu’ils sont à la mauvaise adresse chez Bell Tours. Chez nous, vous obtenez une qualité supérieure garantie, mais vous devrez également payer le prix correct. Nous ne faisons pas de marchandage avec nos autocars. Sur le long terme, je pense que cette philosophie est rentable. Cette approche est pour moi la seule explication pour laquelle Bell Tours existe encore après 70 ans. »
Une expérience globale dès que vous montez à bord
Henri explique ce que cette qualité implique précisément : « Pour de nombreux collègues, un autocar est un fichier Excel avec un chiffre en caractère gras dans la dernière colonne : qu’est-ce qu’il me rapporte ? Pour eux, cela ne tourne qu’autour de cela. Chez nous, un autocar est notre enfant. Quand je commande un autocar, je prends le modèle le mieux équipé et je retire ce dont je n’ai pas besoin, pas l’inverse. Cet autocar coûte peut-être 150.000 euros de plus qu’un modèle de base, mais nous ne transportons pas du bétail. Nos clients sont des personnes. Notre autocar à deux étages peut en théorie accueillir 92 passagers mais nous n’y plaçons que 72 sièges. Nos clients ont des jambes, non ? Dès que vous montez dans l’autocar, vous êtes accueilli et l’expérience globale commence. Votre nom est même affiché sur le siège qui vous est réservé. Excellence as standard est notre slogan. Nous commençons là où les autres s’arrêtent. »
La propreté en point d’honneur
Cette qualité est valable non seulement pour les voyages de plusieurs jours, mais aussi pour les services scolaires que Bell Tours effectue. « Les enfants qui vont à l’école ont tout autant le droit de se trouver dans un bus bien nettoyé. Je sais que la toilette reste souvent fermée dans les autocars pour les voyages d’un jour. Pas chez nous. C’est vrai que cela nous occasionne plus de travail. Mais je trouve qu'un enfant que nous emmenons d’un côté de Bruxelles à l’autre doit pouvoir aller dans une toilette propre. J’y mets un point d’honneur. » La qualité supérieure se paie, les clients de Bell Tours le savent. « Mais je viens juste de revenir d’un voyage au ski avec un nouveau groupe. Nous n’étions pas encore rentrés à la maison qu’ils avaient déjà réservé pour l’année prochaine. Nous avons énormément de clients qui reviennent. Les gens sont prêts à payer pour la qualité. »