Autobus F. Gohy de Theux célèbre ses 100 ans
Un long passé et un avenir prometteur
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En 1924, François Gohy sort pour la première fois de son atelier de Theux, près de Liège, son autobus. C'est le début d'une entreprise familiale toujours active 100 ans et quatre générations plus tard. L'arrière-petit-fils et homonyme François Gohy organise le centenaire d'Autobus F. Gohy à Theux en septembre. Pour nous, il résume l'histoire de la famille en quelques moments clés.
1924
« Mobilisé de 1912 à 1919, mon arrière-grand-père François Gohy reprend en 1919 son métier d’ouvrier textile et ce, jusqu’en 1924. En cette année, il achète un petit camion, y installe des bancs et le transforme ainsi en autobus. Au volant de ce bus, il commence à transporter des personnes. Comme le succès fut au rendez-vous, il a acquis un deuxième bus. L'entreprise était lancée. L'une des premières lignes était celle de Verviers-Spa. À l'époque, Spa était encore une station thermale renommée, également fréquentée par de nombreux étrangers. Après quelques années, mon arrière-grand-père a organisé un voyage en bus jusqu'à Lourdes. Pendant l'entre-deux-guerres, cela a dû être une véritable aventure. L'état des routes était mauvais. Il n'y avait pas encore d'autoroutes à l'époque. Bien sûr, il devait aussi faire face à tous les problèmes mécaniques et autres qui peuvent survenir encore aujourd'hui au cours d'un si long voyage en bus. Il lui a fallu plusieurs jours pour arriver à sa destination. »
Seconde Guerre mondiale
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands ont utilisé le garage de Theux pour réparer leurs chars et autres véhicules. « Mon arrière-grand-père décède en 1942. Dès lors, mon grand-père Georges Gohy continue l'entreprise avec sa maman. Pendant la guerre, tous les bus ont été réquisitionnés par les Allemands, sauf un moteur muré dans la cave du garage par mon arrière-grand-père. Grâce à ce moteur, Georges a reconstruit un autobus. C'est ainsi qu'il a redémarré l'entreprise après la guerre. Mon grand-père a géré la société pendant plus de 50 ans. En 1993, il décède subitement suite à un AVC à l’âge de 65 ans. »
1993
Après le décès soudain de Georges Gohy, une décision rapide doit être prise concernant la survie de l'entreprise. « Mon père Jean-François Gohy n'était pas encore impliqué dans l'entreprise familiale. Il travaillait comme ingénieur chez Cockerill. Il a alors démissionné et a commencé à gérer l'entreprise Autobus F. Gohy du jour au lendemain. S'il n'avait pas pris cette décision, tout aurait été terminé à ce moment-là. La vie de mon père était très différente de ce qu'elle était auparavant, mais il connaissait évidemment le secteur des autobus, car ses deux parents y étaient actifs. Dans la famille, les autobus étaient le seul sujet de conversation. En tant que fils, je n'ai jamais connu autre chose. Dans notre famille, on grandit au milieu des bus. »
2008
« En 2008, j'avais 22 ans et j'avais obtenu un graduat en automatisation. J'ai travaillé dans ce secteur pendant un certain temps. Mon père ne m'a jamais forcé à jouer un rôle dans l'entreprise familiale. Si je le faisais, ce devait être mon choix. Dans une entreprise familiale, on n'a besoin que de personnes qui y consacrent tout leur cœur, a-t-il dit. En 2008, j'ai décidé de rejoindre la société. J'avais déjà mon permis de conduire D et l’accès à la profession en poche. Je ressentais la volonté de poursuivre ce que mes ancêtres avaient transformé en succès. »
2015
En 2015, Autobus F. Gohy intègre le groupe Hansea. « Cette année-là, mon père a démissionné. En effet, après la vente, il a sombré dans une profonde dépression. Il ne voulait plus entendre parler d'autobus. Aujourd'hui encore, il a toujours du mal à accepter le fait que notre entreprise familiale en bonne santé ait été obligée de rejoindre un grand groupe. Il considère cela comme un échec. Je comprends qu'une telle vente ne soit pas évidente, mais je vois les choses de manière plus pragmatique. L'industrie était en train de se consolider dans des groupes de grande taille. Nous risquions de ne pas pouvoir rivaliser en tant que petit acteur pour obtenir des concessions pour les lignes TEC. Dans ce cas, il ne nous resterait plus rien. Keolis était très présent dans notre région. Hansea, le leader du marché en Flandre, cherchait à se développer en Wallonie. Ils se sont donc adressés à nous et nous ont fait une proposition. Grâce à cette collaboration, nous avons pu garantir la survie d'Autobus F. Gohy, nous avons même continué à nous développer et nous pouvons aujourd'hui célébrer notre 100e anniversaire. »
2024
« Je travaille dans le secteur depuis 16 ans maintenant. Beaucoup de choses ont changé et surtout après la période Covid : aujourd’hui, l’organisation a évolué et la mentalité des passagers est différente. Il y a beaucoup moins de respect pour le chauffeur. Mais nous nous adaptons. Heureusement, j'ai une très bonne équipe sur laquelle je peux m'appuyer. Je crois que nous parvenons à conserver une atmosphère familiale dans l'entreprise. Nous avons toujours des employés qui restent ici toute leur carrière. Je les écoute beaucoup. C'est important. En tant que chauffeur, je suis également confronté à leurs problèmes. Je les comprends. Dans l'atelier, je me retrousse aussi les manches. De cette façon, nos chauffeurs et nos mécaniciens n'ont pas l'impression de faire partie d'un grand groupe. Par contre, pour l'administration, c'est le cas. Là, nous devons suivre les procédures du groupe. Mais tout se déroule bien et sur le terrain, nous travaillons de façon relativement autonome. Cela nous permet de conserver cette ambiance familiale. C'est notre force. »
L'avenir
A l’avenir, le transport de personnes restera une nécessité, mais dans quelles conditions ? « La technologie évolue tellement rapidement. À Paris, le métro fonctionne déjà sans chauffeur. Mais personnellement, je ne pense pas que cela se produise bientôt en dehors des zones urbaines. Le gouvernement prône le transport en commun. Cela joue en notre faveur. Mais comment vont-ils organiser le tout, sachant que la demande augmente chaque année ? Il faut donc rester confiants. Dans 10 ou 15 ans, les choses seront probablement différentes, mais pour les Autobus F. Gohy, la clé consiste à être suffisamment flexibles. Nous devons être prêts à nous adapter encore et encore. C'est ainsi que l'entreprise pourra continuer à se développer. »
Le 26 septembre, le 100e anniversaire d'Autobus F. Gohy à Theux sera célébré en présence de clients, des employés, d'anciens employés et des collègues de l'entreprise.